Le retour en numérique du Livre dont vous êtes le héro ?

par | 25 Avr 2016

Nous en parlions il y a quelques mois avec  un article consacré au jeu Lifeline, ainsi qu’un article sur les livres dont vous êtes le héro ou sur les jeux textuels en général. il y a eu aussi ce jeu, Leon Cool Game, qui traite aussi du sujet. Tout cela pour dire que les jeux dits « textuels » n’ont pas dit leur dernier mot. Et pour preuve: Joe Dever, l’auteur de la série culte Loup Solitaire, a poursuivi l’écriture de nouveaux livres tout en creusant en parallèle l’univers de la série sur iPad puis sur mobile. Lone Wolf, édité par la société Bulkypix, est un mélange de textes, pour faire évoluer l’histoire, et de jeu vidéo pour les séquences de rencontres ou de combat, explique Thomas Roesch, de l’association Scriptarium, qui a participé à la traduction et à l’adaptation de cette série.

Quatre épisodes sont déjà disponibles:

D’une certaine façon, cela me fait penser à Heros of Might and Magic et tous les titres similaires comme King Bounty. Sauf que dans ces derniers, le scénario arrive un peu comme un prétexte aux combats en tour par tour.

Steve Jackson, autre star du genre et auteur de la série Sorcery!, a lui aussi décliné son univers sur les plateformes mobiles. Il s’agit dans ce cas de simples adaptations de livres de la série, détaille Thomas Roesch, avec cependant de légères modifications du scénario initial mais peu de séquences de jeu vidéo. L’apport principal de cette version est de permettre au joueur de se déplacer sur la carte de la région imaginaire, comme le montre cette vidéo:

Pour le moment, l’évolution technique des livre-jeux est restée cantonnée aux univers et aux grands auteurs de l’âge d’or. Mais en mars, le groupe d’édition Hachette a annoncé qu’il travaillait sur un projet de livre-jeu numérique inspiré du jeu vidéo à succès pour mobile New Star Soccer.

Gamebook Store, maison d’édition numérique française,  proposait déjà en 2013 une application e-books disponible sur l’AppStore avec pas moins de 7 livres-jeux différents dès sa sortie et deux nouvelles aventures chaque mois, dans des univers éclectiques : sciences fiction, vampires, roman historique, sorcier, fantasy, etc.

https://www.youtube.com/watch?v=js3bRuTjc7E
Ouais, c’est un peu bizarre quand même… le coup avec la nana sur le banc d’à coté…

Il y a donc des tentatives plus ou moins timides de renouer avec le genre… on sent qu’il y a comme une demande de la part des joueurs de sortir du cercle des jeux magnifiques visuellement, mais laissant si peu de place à l’imagination.

Alors pour ma part, j’ai essayé de relire quelques livres dont vous êtes le héro qui ont bercé mon enfance… et si le coté « aventure » m’attire toujours autant, j’ai été déçu par deux éléments:

  • Le style est rapide – on ne s’étend pas en description, les personnages ont peu de profondeur…. Bref, ce sont des livres pour enfants pour la plupart, c’est normal ! Oui, je viens de m’en rendre compte: on a sacrifié l’histoire à l’action !
  • C’est compliqué: un ou plusieurs dés, des grilles… trop de hasard… on meurt vite quand même. C’est aussi un peu à l’image des jeux comme « Alone in The Dark » ou le héro pouvait tomber dans un trou et … mourir… Pas de mise en garde, hop tu recommences !

LivresDontVousEtesLeHeros
 

Alors la question qui me taraude encore, c’est « est-il possible aujourd’hui de sortir un nouveau jeu vidéo, principalement textuel, et qui puisse encore trouver un public » ? La réponse a été donnée par LifeLine qui a rencontré un certain succès puisque ses créateurs ont décidé de lui donner une suite. Mais personnellement, je n’ai pas été pleinement convaincu. C’est une expérience à vivre, au moins une fois, mais je ne jouerai pas au suivant par exemple .

Nous sommes en pleine ère VR – c’est un peu l’apogée du « visuel » – et pourtant, j’avoue que ce coté « aventures textuelles » me manque encore. J’aimerais bien trouver un mixte des deux, mais je n’ai pas la moindre idée de la forme que tout cela pourrait prendre. Il faudrait rendre aux scénaristes le pouvoir de création qu’ils avaient dans leur livre, mais sans avoir besoin de 200 graphistes pendant 2 ans…

La 3D et le virtuel, au delà du titre indie qui donnera une expérience particulière sans forcément sortir les grands moyens, vont encore pousser un peu plus loin les budgets nécessaires à la conception de grands titres de jeux vidéo. Les casques de réalité virtuelle vont aussi amener leur série de jeux à choix multiples avec des vidéos à 360°, sortes de MystVR… d’ailleurs on commence à trouver un tas de titres de ce style sur les marketplaces associés.

Impossible pour ma part de savoir si ce que je ressens, c’est le vent d’une nouveauté à paraitre, d’une opportunité vidéoludique… ou juste de la nostalgie. Peut-être aussi l’envie d’écrire des romans, mais en utilisant mes connaissances du monde du jeu vidéo, pour rendre les histoires plus interactives…

Alors, je vais continuer à y penser et nous en reparlerons certainement. Et si j’ai une bonne idée, peut-être que je la mettrai en application, mais pour l’instant… ça ne me vient pas 🙂

Source: Article sur slate.fr

 

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12 Commentaires

  1. MatFenric

    L’avantage du texte, c’est de laisser place à l’imagination. C’est la même chose pour le jeu de rôle (sur table).
    Si je te dis que « tu te promènes dans une rue marchande médiévale aimée aux étals bigarrés », tu as surement plein d’images qui te viennent en tête, et je n’ai guère besoin d’en dire plus.
    Dans un jeu vidéo, on pourra facilement être déçu par la qualité des graphismes, la construction des décors, l’animation des personnages, etc. Et même si tout était parfaitement réalisé, ce n’est pas forcément ainsi qu’on aurait imaginé les choses. Tout autant de détails qui gâcheront l’immersion.
    En ça, le livre, dont vous êtes le héros ou pas, à encore un long avenir devant lui, du moins pour ceux qui ont de l’imagination.

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    • greg

      Entièrement d’accord avec toi, je me demande juste s’il est possible de faire évoluer ce média pour le réactualiser, sans trop perdre le coté imaginaire. Exemple: l’automatisation des combats, déplacements sur la carte, mise en contact avec de vrais joueurs (et pas de simples PNJ), évolution en temps-réel de l’arbre des quêtes par les développeurs, etc.

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      • MatFenric

        Le principal ajout que je verrai c’est le son ; des bruits d’ambiance pour illustrer la scène en cours.
        Si on met des images, je mettrais des illustrations partiellement animées.
        Pour reprendre l’image de la rue marchande animée (et non « aimée »), ça donnerait par exemple un brouhaha de rue et l’image de la rue avec des drapés volant au vent.
        Pour les combats, une vue sur l’adversaire, quelques infos visuelles ponctuelles pour afficher les dégâts donnés et reçus, la saisie du résultat d’un jet de dés ou le tirage automatique, le suivi des points de vies, l’accès à l’inventaire.
        S’il faut aller plus loin ça devient à mes yeux un jeu vidéo trop bâtard.
        En ce qui concerne une version multijoueur, j’ai à ma disposition des sortes de LDVELH basés sur Donjons & Dragons, qui se pratiquent à deux. C’est donc faisable de jouer à plusieurs.
        l faudra qu’on essai ça à l’occasion. 🙂
        Ce qui peut être intéressant aussi c’est un version live où c’est les spectateurs qui choisissent le chapitre suivant via le chat…

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        • greg

          Oh ben, oui, avec plaisir ! 🙂

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          • MatFenric

            Si à l’occasion tu montes vers Paris, et que tu as une soirée/journée à perdre on se fera ça.
            A moins qu’on s’organise une rencontre spécifiquement pour ça (ou du moins ce genre de choses). 🙂

          • greg

            Oui, la prochaine fois que je passe quelques jours sur Paris, je te fais signe et on s’organise ça – et puis ça permettra de faire connaissance ! 🙂

    • StraToN

      Malheureusement, je doute que cette forme de présentation plaise autant que ça aux joueurs d’aujourd’hui. Je pense qu’en deçà d’un certain âge, les joueurs n’ont pas envie de lire du tout dans un jeu vidéo. Vous n’avez qu’à regarder des Let’s Play de jeux verbeux (genre Morrowind) par des joueurs jeunes ou dont ce n’est pas le genre favori, ils vont cliquer à toute vitesse pour passer ces blocs de texte qui font peur!
      Du coup, on se retrouve avec le double effet kiss-cool pour ce genre de joueurs : non seulement ils vont se plaindre qu’il y a trop de texte, mais aussi que le jeu est trop pauvre en graphismes, normal puisque ces derniers sont en quelque sorte remplacés par le texte !
      Cela me fait du coup penser que le jeu vidéo se prête de moins en moins à laisser parler l’imagination du joueur, car si l’auteur l’utilise, la critique sera portée sur le manque de travail. Même plusieurs années en arrière, des graphismes qui nous paraissent « simples » aujourd’hui fermaient la porte à l’imagination. Un bon exemple ici serait Prince of Persia, ou l’excellent Another World.

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      • greg

        C’est un peu le problème de l’oeuf et la poule … mais refactorisé : Les nouveaux joueurs vont se plaindre que l’oeuf n’a pas un gout de poule car ils ont toujours été habitué à manger de la poule. Et ceux qui ont connu le goût de l’oeuf, vont regretter de ne plus trouver que des poules sur le marché. Mais la solution consiste t-elle dans ce cas à ne proposer que des poules, ou à proposer les deux en attendant que les petits jeunes trouvent de l’intérêt à gouter un oeuf de temps en temps ? 😉
        En fait, je n’en sais rien… peut-être que c’est fini le temps du textuel, mais dans ce cas, on a rien trouvé pour stimuler mieux l’imagination… y-a peut-être quelque chose à inventer ou réinventer ici.

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        • StraToN

          > y-a peut-être quelque chose à inventer ou réinventer ici.
          Comme tu le notes dans ton article, des tentatives existent: c’est le cas de Sorcery! par exemple, qui enrobe les descriptions textuelles dans une carte interactive, remplace les combats aux dés par une interface spéciale, etc.
          Mais le texte dans le jeu vidéo me rappelle aussi Fallout 1 et 2, qui contenaient tous deux une sorte de panneau « descriptions du MJ » en bas à gauche, affichant une ligne ou deux selon l’objet pointé à la souris. Par exemple, si je pointe un lit (l’asset 2D de ce lit est bien sûr identique dans tout le jeu, mais la description change pour chaque instance), j’avais une description détaillée d’à quel point « ce lit était miteux, sale et présentait des preuves manifestes que quelqu’un dormait quand même dedans » (exemple one-shot). Ce genre de détail n’est pas gérable, même avec un moteur de jeu dernier cri, et seule l’imagination du joueur, aidée par la description détaillée fournie par le jeu, peut la rendre véritablement.

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          • greg

            Peut-être a t-on poussé trop loin le réalisme. L’évolution consiste peut-être à faire moins bien ? Pourquoi le retro est-il si à la mode ? C’est peut-être parce qu’un personnage « 8 bits » ne donne qu’une forme générale et que notre esprit imagine le reste… Il y a eu la mode du cell shading aussi… peut-être une autre forme aussi de retour à l’imaginaire ?
            Video kills the radio stars ? Mais en même temps, la radio existe toujours… Autre lieu, autre mode d’écoute, autre façon de fermer les yeux et d’écouter… Avec la VR, il y a quelque chose à faire, je l’ai sur le bout de la langue, mais ça veut pas sortir 😉

  2. Denis

    Salut Greg, ça va ? 🙂
    Pour ma part, j’ai gardé mes vieux livres dont vous êtes le héros et les ai donnés à ma fille de 12 ans. Elle se régale avec cela. Bon elle triche un peu comme moi je le faisais en notant les pages et en faisant comme si le tirage des dés lui était très / trop souvent favorable mais elle s’amuse bien.
    Ca reste pour moi plus un livre pour lire et non pour jouer. Et ça fait bosser l’imagination. Tu es encore plus dans le personnage puisque tu fais des choix qui influencent l’histoire mais cela reste fondamentalement un livre et non un jeu vidéo.

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    • greg

      Héhé, salut Denis, content que ta fille les apprécie à son tour.
      Livre/Jeu, Jeu/Livre… disons que c’est un peu des deux. Si tu prends Loup Solitaire par exemple, il faut souvent sortir les dés, et les grilles associées… Et ça fait bien partie de la démarche sinon on finit très rapidement. Est-ce qu’un Myst est encore un jeu également ? C’est artistique, c’est de l’exploration… et un LifeLine, un livre ou jeu ? Bon, peu importe la façon dont on l’appelle, l’important, c’est que c’est peut-être transgénérationnel. C’est vrai que les jeunes générations lisent moins sur papier… et peut-être aussi tout court. Moins de temps ? Moins d’envie ? Des choix moins intéressant ? Trop de TV, de console et de mobile ? Tout ça un peu probablement…

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