Neuralink: la connexion neurale d'Elon Musk

par | 12 Avr 2017

Encore un projet qui peut sembler farfelu au premier abord, mais quand on sait que Musk est derrière, cela mérite réflexion. On savait que la connexion neurale est la clé de la connexion à une matrice générale faite de réalité virtuelle et d’IA  – tout du moins, beaucoup l’imaginaient. C’est le successeur d’Internet. C’est aussi une partie du scénario de Matrix… Mais lorsqu’on s’intéresse au sujet, on remarque que ce n’est plus de la science-fiction – tout juste de l’anticipation. Qui aurait imaginé une voiture électrique qui se conduit toute seule pour cette décennie ? Pourtant, aujourd’hui, tout le monde peut constater que cela existe et Musk a bien participé à cette démocratisation. Après l’espace (SpaceX), les voitures électriques (Tesla) et le train subsonique (Hyperloop), Elon Musk veut maintenant s’intéresser au cerveau. La connexion neurale, c’est pour quand ? Bientôt semble nous indiquer Elon… trop vite probablement.

Le progrès technologique

Les progrès technologiques ont permis d’améliorer les conditions de vie de nombreuses personnes souffrant de divers problèmes de santé, d’environnement ou autre. La physique, la biologie et la médecine, la géologie ont vu de grandes évolutions ce dernier siècle. L’informatique suit le mouvement permettant d’accélérer les découvertes sur l’ensemble de ces domaines.

Pour Musk, les robots domineront le monde grâce à l’Intelligence artificielle. Il a d’ailleurs participé, en 2015, à la création d’OpenAI dont l’objectif est de sécuriser le développement de l’intelligence artificielle. « Si vous ne pouvez pas battre la machine, le mieux c’est d’en devenir une ! ». Bon, j’aime beaucoup Musk, mais là, ça me parait aberrant. Bon, passons… le fait est que nous sommes au bord d’une singularité technologique. C’est à dire que le progrès est tellement en phase d’accélération, notamment grâce au Deep Learning, mais aussi soutenu par un économie qui le permet actuellement, que la courbe du progrès part en exponentiel. Et nous y sommes… à quelques décennies près, comme l’illustre l’image suivante.

Ray Kurzweil en parle depuis longtemps et il ne s’est pas fait que des amis avec cette théorie, mais tout semble lui donner raison depuis quelques années. Qui l’eut cru ? On a vu la 1ère et la 2nde révolution industrielle. On s’attendait à une troisième avec les nouvelles technologies… on peut même dire que l’e-business est une forme de révolution – tout du moins de nouvelle économie. Mais cela n’a rien à voir avec ce qui se prépare aujourd’hui. Bref, passons sur cet aspect et revenons en à Neuralink.

Neuralink

Musk travaille donc sur ce projet d’ordinateur à implanter dans le cerveau pour permettre aux humains de s’améliorer et de pouvoir faire face à ce changement.

Les interfaces cerveau-machine (ICM) sont en cours de développement dans de nombreux laboratoires à travers le monde.

Le livre de science fiction Le sens du vent de Iain Banks décrivait déjà un style de « dentelle neurale » implantable dans le cerveau permettant de devenir plus compétitif.

Elon Musk a donc créé, en juillet 2016, une société spécialisée dans la recherche médicale, Neuralink et a recruté plusieurs chercheurs en neuroscience. Elle n’en est qu’au stade de recherche et n’a donc encore aucune présence publique. La technologie envisagée repose sur une recherche académique de 15 ans qui a été financée par le NIH et la DARPA. Le but, dans 4 à 5 ans, serait d’installer un ordinateur miniaturisé dans le cerveau humain et de l’interconnecter avec ce dernier.

Les travaux sont conduits par le professeur Charles Lieber et le professeur Mark Hyman de l’université de Harvard, ils ont commencé en 2000 grâce à l’élaboration de nouveaux dispositifs nanoélectroniques à base de fils nanométriques (« lacets neuronaux) sur une plate-forme à puce. Ils ont ensuite repris les travaux existants relatifs à la cultures de cellules à des fins de transplantation pour développer leur échafaudage permettant l’imbrication et le développement des cellules. Timothy Gardner, professeur de Boston University connu pour son implantation d’électrodes miniatures dans les cerveaux d’oiseaux afin d’étudier leur processus d’apprentissage de chansons, fait également partie de l’équipe.

Les ordinateurs seraient constitués d’un maillage poreux que l’on insère par injection dans une structure biologique ou même synthétique. L’électronique flexible injectée se déplie alors ultérieurement dans le corps. Le mode d’injection actuellement utilisé se fait sans créer de dommage. La structure tissulaire du cerveau recouvre les pores, ce qui permet de rendre l’ensemble cerveau-ordinateur homogène.

Une des difficultés a consisté à éviter les réactions du système immunitaire, pour avoir un implant parfaitement intégré à la structure tissulaire du cerveau, qui communique parfaitement avec ses neurones. Le cerveau se développe autour de la « dentelle neurale » créée et l’interpénétration met en place une structure 3D.

Des tests ont été réalisés sur des souris avec des enregistrements des neurones sur 8 mois. Ces résultats reposent sur la puissance de l’analyse informatique ou du signal à l’extérieur du cerveau.

Grâce à la fantastique plasticité du cerveau, il a été constaté que l’influx nerveux produit par les prothèses peut, après un temps d’adaptation, être traité comme un influx naturel.

Notons aussi la percée scientifique majeure survenue en Suisse en février dernier, lorsqu’un centre de recherche est parvenu à communiquer pour la première fois avec des patients totalement paralysés par le biais d’une interface ordinateur-cerveau.

Comprenons-nous bien: il s’agit de la création d’une « 3ième couche numérique » qui viendrait compléter le système limbique et le cortex et fonctionnerait en symbiose avec notre cerveau. Cette couche, qui serait superposée au cortex, est ce qu’il appelle le « neural lace » (terme popularisé par l’auteur de science-fiction Ian M. Banks), une interface cérébrale directe qui prendrait la forme d’un maillage très fin, une sorte de dentelle reliée au système vasculaire cérébral qui alimente les neurones.

Les applications possibles:

  • stimuler un réseau de neurones vieillissant ou subissant des pathologies neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, la SLA -sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot-, la maladie de Parkinson, épilepsie…),
  • soulager les dépressifs aigus, l’obésité et l’anorexie,
  • booster les facultés cognitives de personnes âgées ou d’autres le nécessitant,
  • trouver une solution aux problèmes des handicapés moteurs par le contrôle de prothèses, allant jusqu’au patient atteint du du locked-in syndrome qui pourrait contrôler un exosquelette total par la pensée,
  • augmenter la force et la puissance physique de l’humain,
  • restauration de l’ouïe, la vue ou étendre ces facultés: la prothèse rétinienne Argus II réalisée par la société californienne Second Sight, a déjà été implantée chez des patients malvoyants leur permettant de retrouver un semblant de vue par l’intermédiaire des images générées par l’ordinateur, ce n’est qu’une suite logique de ces avancées.
  • prendre le contrôle d’un véhicule, d’autres systèmes à distance,
  • augmenter la mémoire,
  • apprentissage accéléré,
  • reprogrammer notre code neural,
  • les jeux vidéo….

De nombreux autres laboratoires et sociétés avancent sur ces recherches dont la DARPA pour améliorer les soldats, Facebook et son projet Building 8 et Kernel crée par Bryan Johnson.

Elon Musk nous indique une annonce à venir sur ses dernières trouvailles sur le site http://waitbutwhy.com/.

Pour Musk, nous sommes déjà des cyborgs car une partie de nous-même est projetée sous forme numérique via l’informatique, les terminaux mobiles et l’Internet. La limite de cette interaction se situe au niveau de l’interface entrée-sortie, c’est-à-dire notre capacité à recevoir et émettre des volumes d’informations à grande vitesse.   Partant de là, une telle interface neuronale nous aiderait à ne pas nous laisser dépasser par le développement de l’intelligence artificielle en augmentant nos capacités intellectuelles à volonté.

Ma conclusion

Je reste très partagé sur cette recherche. Je suis très attaché au progrès technologique et je fais partie de ces gens qui pensent que le progrès peut-être freiné, mais jamais arrêté (sauf catastrophe bien entendu). De fait, il vaut mieux prévoir et adapter nos sociétés à ces changements, étudier comment en tirer le meilleur et comment éviter le pire également. Mais je pense que mettre la tête dans le sable ou vouloir interdire est une stupidité sans nom.

Pourtant, je reste très réservé sur cette recherche… ces implants ne pourront probablement jamais être retirés. Jusqu’à aujourd’hui, certes on participe à la dégénérescence de l’espèce sur un plan génétique puisqu’on a stoppé la sélection naturelle avec notre mode de vie sociale et notre médecine. De fait, nous avons déjà commencé à peser sur l’évolution de l’humanité. Mais l’interconnexion avec d’autres systèmes qui seront rapidement intelligents… c’est vraiment un saut dans l’inconnu. D’une part, nous sommes des êtres doués d’une capacité de réflexion analytique – c’est cette dernière qui nous fait penser qu’un trisomique devrait être avorté avant la naissance, qu’une personne arrivée en âge de ne plus « produire » devrait finir en farine animale… vous m’avez compris – et nous sommes aussi dotés d’émotions. C’est notre part animale, pour le meilleur et pour le pire, puisque nous devons aussi notre violence naturelle à cette part. Mais c’est aussi celle qui fait qu’on a envie de s’occuper des personnes âgées, de soutenir les chômeurs et de respecter la vie, même si des personnes deviennent des charges « économiques » pour notre société. Que va t-il rester de nos « émotions » si nous fusionnons avec le silicone ? Les recherches en psychanalyse date du siècle dernier… on ne connait que peu l’esprit humain. Là, nous allons le connecter avec des ressources plus importantes. Cela me rappelle « planète interdite » où les êtres humains se branchaient à une machine qui leur donnait accès à des ressources plus importantes, mais qui aussi réveillait « les monstres de l’Ide », cette part d’ombre inconsciente qui elle aussi accédait à ces ressources.

Bref, étendre la mémoire… oui, pourquoi pas. Surfer automatiquement sur Internet… y-a du danger à être piraté ou fortement influencé déjà… il va falloir fortement encadrer ces recherches. Elles ont un potentiel très important pour l’évolution de l’humanité, mais elle représentent également un risque très difficile à apprécier.

Il semble que c’est la solution principale que Musk envisage pour lutter contre l’Intelligence Artificielle. Il a même déclaré qu’il considérait l’intelligence artificielle plus dangereuse que la bombe atomique.

Déjà, qu’on pense déjà à « Lutter » pose en soi un problème. L’IA devrait être au service de l’homme. On imagine déjà une IA à la ressemblance de l’homme, avec des désir, une volonté de conquête, etc…  Parce que jusqu’à aujourd’hui, la plupart des auteurs de SF pensaient que l’homme allait être l’auteur d’une IA… mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les IA actuelles se développent toutes seules, autour d’un thème particulier certes, mais on ne les programme pas vraiment ou peu. Et on le fera de moins en moins. Nous ne faisons qu’assister et jouer un rôle mineur dans l’avènement d’une nouvelle espèce. Il y a de la place pour tout le monde, les machines n’auront pas à nous asservir, tout comme nous n’avons que faire d’asservir des bactéries qu’on découvrirait sur une planète quelconque. Bon, on s’approche plus d’une croyance que d’une réflexion scientifique, mais c’est du même niveau que de penser qu’il faut lutter contre l’IA. Ca n’a que peu de sens et c’est contre productif, à mon avis, de communique en ce sens aujourd’hui. Je me demande d’ailleurs si les grands industriels ne jouent pas avec les peurs de gens pour conserver un avantage concurrentiel le plus longtemps possible, freinant publiquement l’IA pour la développer en secret. Je ne sais pas, je dois me faire un film car il y a énormément d’Open Source et que tout le monde semble foncer vers le Deep Learning. Tout cela mérite réflexion.

Si vous ne connaissez pas le film « passé virtuel », je vous invite également à le découvrir. Il y a aussi le film « Le cobaye » où le héro voit ses capacités cognitives augmenter jusqu’à ne plus être humain. Voir aussi la page wikipédia « Interface Neuronale Directe« .

Article co-écrit avec Norina. Si vous aussi voulez publiez sur ce blog, ou co-écrire un article avec moi, n’hésitez pas à me contacter.

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