Il y a certaines BD qui attirent votre œil à cause du thème, d’autres du dessin. Quand je suis tombé sur le premier tome de cette série de trois, ce fut pour les deux (petit jeu de mots?). D’une part, cela parlait de robotique (plus précisément d’automates) dans un univers post-apocalyptique (qui n’est pas vraiment le nôtre, rassurez-vous), ce qui me branchait bien. Et de l’autre, la façon de dessiner les perspectives est assez fantastique, avec des vues plongeantes, déformées sans aller vers le psychédélique… une colorisation à l’ancienne, un mélange de crayonné et d’acrylique, et un gout certain pour une architecture tarabiscotée (déformée par le temps, fusionnant avec la végétation).
L’histoire est la suivante : « Dans une cité surréaliste, où les horloges se comptent par dizaines et les habitants sur les doigts d’une main, on se nourrit d’oiseaux que l’on pèche sur des barques dans le ciel. Les racines des arbres embrassent les plus hautes tours, tandis que l’eau a déserté les canaux. Là vivent Nonnette et son mari, qui préparent l’arrivée des touristes : elle confectionne des masques peints à la main, et lui règle quotidiennement la mécanique de chaque pendule à automates. Malheureusement, la Grande Faucheuse passe sans prévenir et laisse un souvenir sous les traits d’un bébé..«
Le premier tome date de 2005 et le scénario est signé Philippe Segard, le dessin et la mise en couleur Arnaud Quéré. C’est édité chez Carabas dans la Collection Cockpit. La lecture de cette BD est comme une plongée dans un rêve soutenu par un dessin au prisme déformant avec des prises de vue vertigineuses. J’ai eu envie de m’intéresser d’un peu plus près à ses auteurs.
Philippe Segard est diplômé de l’École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle (Paris), il travaille pendant plus de dix ans comme chargé de la Production de nombreux projets au cinéma et à la télévision (téléfilms pour Arte, magazine « 24Heures » pour Canal +, création de plusieurs chaînes de télévision dont Canal J, etc.). Mais on le retrouve aussi sur des jeux vidéo comme Extrême Snow Break, l’Amerzone, Tintin PSX, New York Race, L’émerillon d’Aliénor. Il semble que cela soit l’unique BD sur laquelle il ait travaillé.
Arnaud Quéré a fait ses études graphiques à Lyon, puis au métier de l’animation traditionnelle à Paris (CFT Gobelins). Projectionniste à la Médiathèque de l’Institut Lumière à Lyon, il est tour à tour animateur traditionnel dans le multimédia, illustrateur indépendant, art designer puis directeur artistique pour le jeu vidéo. Ah encore le jeu vidéo ! Échec et Automates est sa première série, il travaillera ensuite sur Le Cochon qui crie au loup (2006), Un air de paradis (2007), Mon copain Anne (2009), L’An 2000 (2010), Les Forts de l’Esseillon (2016) et Le Manchot (2007). Sur la plupart des séries, il sera également scénariste.
Voilà, j’avais envie de vous en parler. C’est une série sans grandes prétentions, mais qui est vraiment originale. Je suppose que les esprits trop cartésiens n’y trouveront pas leur compte, car c’est une sorte de parabole qui se moque des réalités (des oiseaux qui trainent une barque volante) où l’art et le design ont une grande place. En tous cas, j’ai passé un bon moment à la lire, et je prendrai du plaisir à une nouvelle lecture ultérieurement. De plus, rien que pour le dessin, je sais que j’y trouverai une grande source d’inspiration.
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