Daft Punk sort son premier album intitulé Homework en 1997, puis un second, en 2001, Discovery. Et pour les fans d’Albator, c’est un véritable ovni qui arrive sur leurs écrans…
De l’album au film
Le film Interstella 5555 (The 5tory du 5secret 5tar 5ystem) accompagne visuellement “Discovery”, le deuxième album studio de Daft Punk depuis 2003. Pour certains de leurs fans, un représentant du pire des années 80 ; pour les autres, un superbe mélange bien étudié de genres. Interstella 5555 raconte l’histoire de l’enlèvement et du sauvetage d’un groupe pop interstellaire. Le film a été produit par Toei Animation, réalisé par Kazuhisa Takenouchi et supervisé par Leiji Matsumoto avec la participation de Hirotoshi Tissent et Daisuke Nishio. Il fera passer le groupe de “dépassés réutilisant les années disco” à visionnaires.
Daft Punk a l’idée de réaliser ce film dès l’enregistrement de l’album, en mélangeant Science-Fiction et concepts de l’industrie musicale. Après plusieurs idées, dont un film d’action, l’envie de reprendre les animes de leur enfance dans un space opera est née.
Les Daft Punk écrivent donc un scénario, puis contactent Toei Animation pour être mis en relation avec Leiji Matsumoto. Il a tout de suite accroché à la musique et pris le projet en main. Daft Punk se rendait à Tokyo presque tous les mois afin de voir où en étaient les storyboards produits par Toei. Interstella 5555 a été produit par les Daft Punk eux-même et Shinji Shimizu. Le coût du film serait d’environ quatre millions de dollars et il aura fallu 28 mois pour le finaliser. De nombreuses interviews ont été réalisées à cette époque.
Le film regorge de références, à vous de les retrouver parmi Yamato, 2001, odyssée de l’espace, Albator 84, Thriller, Terminator, H2G2, Axle Munshine et Goldorak.
Le scénario
L’histoire de ce film est celle d’un groupe de quatre musiciens extraterrestres à la peau bleue très connu et apprécié sur sa planète qui est enlevé par des humains et transporté sur un vaisseau spatial. Un signal d’alerte a prévenu Shep qui tente de venir à leur rescousse, il arrive sur terre en poursuivant le vaisseau et s’y écrase. Le groupe subit un processus de contrôle mental, leurs souvenirs sont effacés et leur peau teinte de façon à ressembler à des humains. Leur ravisseur est en fait un manager terrien qui leur fait signer un contrat en modifiant leur nom de scène et ils deviennent des stars mondiales. Shep finit par les retrouver et grâce à un appareil libère trois de nos protagonistes sur les quatre de ce contrôle mental. Stella, la bassiste reste sous contrôle mais est délivrée par la suite lors d’une cérémonie de remise de prix par le batteur. Shep leur permet de retrouver leurs souvenirs puis meurt lors de leur escapade, ils l’enterrent sous un arbre. Nos compères découvrent par la suite que le manager avait enlevé de nombreux artistes extraterrestres par le biais d’un manuscrit, Veridis Quo, afin d’obtenir un immense pouvoir quand il aurait atteint 5555 disques d’or, le leur étant le 5555ème. Dans son manoir, ils tentent de récupérer ce disque puis vont au studio d’enregistrement où la vérité sur leur provenance extraterrestre est révélée. Des enquêtes sont réalisées au sujet de ce manager et la vérité est dévoilée aux terriens. Le groupe peut enfin retourner sur sa planète où il est accueilli en héros, puis on découvre que tout celà était en fait le rêve d’un petit garçon. En résumé, c’est une critique de l’aliénation des musiciens devenus stars et de leur exploitation par l’industrie du disque.
Leiji Matsumoto
Leiji Matsumoto est principalement connu pour avoir créé l’univers d’Albator et tous les dérivés de ce manga, ses thèmes principaux sont la science-fiction (Albator, Galaxy Express), les westerns (Gun frontier) et la guerre (The cockpit).
On reconnaît facilement ses dessins au travers de femmes très fines et belles et d’hommes assez trapus ou parfois avec des traits longilignes comme ceux des femmes et les histoires basées sur le romantisme du noble sacrifice et le souvenir d’amis décédés. À plus de 60 ans, il porte en permanence un chapeau avec une tête de mort, et vit dans une maison ressemblant à un vaisseau qu’il a fait construire. Le film a permis de relancer aussi son activité et les ventes de ses premiers mangas.
Au revoir les Daft Punk
Le groupe a mis fin à sa collaboration en février 2021 au grand dam de leurs fans, après 28 ans de collaboration.
Dans cette vidéo intitulée Epilogue, deux robots marchent dans le désert. L’un d’eux enlève sa veste Daft Punk et découvre un mécanisme d’autodestruction dans son dos, que son compère active. Il s’éloigne alors puis explose à la fin d’un compte à rebours. S’affiche ensuite les dates « 1993-2021 » surmontées de deux mains robotiques jointes. La scène s’achève sur le fond musical Touch, la chanson parue sur Random Access Memories, tandis que le robot restant marche en direction du soleil couchant. Comme quoi, le storytelling, c’est utile pour tout.
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