Dans cet article du 24 Juin 2017, Mark Nelson, co-auteur de Life Under Glass, et membre de la première équipe de bionautes du projet Biosphere 2, revient sur la polémique et les imprécisions de la presse suite à cette expérience de vie en milieu clos. Pour illustrer, je vais aussi vous montrer quelques photos que j’ai prises sur place lors de ma visite du projet il y a une dizaine d’années.
Tout d’abord, d’après Mark, il ne s’agissait pas d’une expérience scientifique, mais d’une simulation. Il ne devait pas y avoir de résultat exploitable directement, l’objectif était de lancer la démarche (à savoir, comment miniaturiser un environnement complet type « biosphère » pour assurer la survie de 8 personnes).
Si la première expérience a connu des ratés sur un plan technique, la seconde expérience a été une réussite dans le sens où toute la nourriture consommée par les bionautes provenait de l’environnement clos, ainsi que toute l’oxygène. Le fait que la seconde expérience ait connu une fin brutale est d’origine administrative (à ma connaissance, il y a eu conflit de pouvoirs, sabotage, etc. un scénario à la « Dallas »).
Et tout le projet, depuis l’origine, sentait un peu le sectarisme, alors que plusieurs idéologies s’affrontaient. Pour certains, l’idée n’était pas d’aider à coloniser d’autres mondes, mais plutôt de pouvoir survivre à l’apocalypse qui allait s’abattre sur l’espèce humaine.
Pour Mark, « Biosphere 2 was an amazingly successful project » et je trouve qu’en effet le projet a apporté un éclaircissement sur pas mal de points. Une simulation qui a coûté certes très cher, mais probablement celle qui s’est approché au mieux de ce qu’on pourrait envisager pour coloniser une planète comme Mars (reste le rayonnement cosmique et tout un tas d’autres paramètres, mais l’idée est là). Cela met l’accent sur 3 points importants:
- La production d’oxygène en quantité suffisante
- La production de nourriture (idem)
- Le lien social: la difficulté de vivre à 8, mais aussi tous les bons moments en communauté (les repas, les fêtes, etc.) – la nécessité de créer du lien social fort – sans avoir envie de tuer son voisin. Avoir la possibilité de s’isoler aussi…
Après, le reste, c’est important, mais c’est annexe (quoi que sans électricité, c’est la mort assurée assez rapidement)… C’est un milieu où la survie est une préoccupation quotidienne. Un poison qui se répand dans le système de ventilation (par une plante, un insecte, un accident de laboratoire) et c’est la mort ! Une maladie, ou un insecte qui prolifère et c’est tout l’écosystème qui est menacé. Je repense notamment aux abeilles incapables de se diriger correctement à cause des vitres qui filtraient les Ultraviolets…
Bon, si vous me suivez régulièrement, vous savez probablement que j’ai été visité le site de l’expérience en 2010 qui est ouvert au public désormais. Il ne s’agit plus d’un environnement clos bien entendu, mais c’est très instructif de pouvoir visiter l’ensemble du site, ainsi que l’infrastructure souterraine. Pour plus d’infos, vous avez cette page dédiée. Voici quelques photos prises lors de ma visite – vous excuserez le coté « photos de vacances », mais j’étais tellement content de pouvoir étudier le projet de plus près (en Arizona, près de Tucson), que j’ai eu tendance à faire le touriste asiatique une fois sur place;)
Voilà, pour ma part, je crois que j’ai lu tous les livres sur le sujet et j’ai passé plusieurs jours sur le site de l’expérience. J’ai récolté aussi des données (au format Excel) sur les niveaux de production d’O2, de nourriture, etc. Je trouve que c’est un excellent point de départ pour le projet que Musk souhaite mettre en place au travers de Space X.
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